Après avoir relevé sur son territoire des pratiques journalistiques qu’elle juge contraire à l’éthique, la Mairie de Thonon annonce vouloir former ses propres journalistes.
D’après de récentes annonces, c’est pas moins de 5 nouvelles écoles privées pour gosses de riches qui s’implantent à Thonon. Après la Holberton School à destination des boutonneux passionnés de programmation, la FISE Business School proposera aux fils à papas sportifs de se former aux événements de sports extrêmes, tandis que le pôle numérique prend forme avec l’arrivé des écoles Objectif 3D, ESC et IRIS, respectivement spécialisées dans l’animation, la communication et l’informatique.
Une école pour façonner les journalistes de demain
En complément de ces cursus et, surtout, en réaction aux récents événements, la Mairie vient d’annoncer un partenariat avec l’ESJ Paris, la doyenne des écoles supérieures en journalisme dans le monde, pour ouvrir une antenne haut-savoyarde.
“Ce partenariat va nous permettre de nous appuyer sur une marque avec plus de 120 ans d’expérience, tout en adaptant drastiquement les programmes à nos spécificités locales“, explique le communiqué.
Ces spécificités locales n’ont pas été détaillées pour l’instant mais en étudiant les premières ébauches de programmes de cours développés par le bureau de Thonon Agglomération, les apprenants peuvent s’attendre à des ateliers spéciaux intitulés “poser des questions qui ne fâchent pas”, “bien se comporter lors d’une interview avec une personnalité politique qu’on doit respecter”, “savoir laisser sa place si on n’est pas sélectionné par l’interviewé”, ou encore “transmettre l’information officielle sans devenir gênant”.
LIRE AUSSI : Arminjon nommé DRH du Dauphiné
Plus de confort
Objectif : adapter la pratique du journalisme au monde actuel. “Les grands médias sont désormais de mieux en mieux contrôlés dans leur manière de travailler grâce à des personnalités fortes telles que Vincent Bolloré, mais cette maîtrise n’existe pas encore assez en région et il est de notre devoir de basculer dans le 21e siècle“, estime Claude Manillier, membre du comité de pilotage et fervent défenseur des journaux municipaux.
Pour cette modernité, l’école proposera sa nouvelle version des “5W”, cette célèbre technique journaliste consistant à répondre à 5 questions pour appréhender un sujet. Celles-ci seront désormais
- QUI valoriser
- QUOI dissimuler
- OÙ envoyer lire la propagande officielle
- QUAND fermer sa gueule
- POURQUOI c’est génial
LIRE AUSSI : Le maire de Perrignier découvre l’existence d’une liberté de la presse
Rayonnement départemental
Ces cours devraient avoir pour enseignants des pointures dans leur domaine. Outre l’édile de la capitale du Chablais, qui devrait donner un cours sur l’éthique et la déontologie, son adjoint en charge des sports délivrera un cours sur la protection des sources en ligne, la maire d’Evian expliquera comment avoir un engagement social fort à moindre coût, mais le plus attendu reste le président du conseil départemental qui devrait venir expliquer aux étudiants comment on peut faire dire ce qu’on veut aux chiffres.
LIRE AUSSI : la mairie de Thonon créé un poste d’adjoint au troll et la mairie d’Evian installe une poubelle pour sensibiliser à la faim dans le monde
“On a été mieux harcelé que les autres”
Enfin, un volet non négligeable sera dévolu à la loyauté. Dans un communiqué cinglant, la Ville de Thonon expliquait qu’elle a été mieux harcelée et qu’elle est restée exemplaire, à la différence de certains confrères. Il sera donc question dans ce module du comportement à adopter face à une source anonyme. “Il faut arrêter de prendre tout le monde pour des lanceurs d’alerte et nous espérons faire comprendre à nos futurs journalistes qu’il faut toujours se placer du point de vue de celui qui serait entaché par nos publications et lui octroyer toute l’empathie et la complaisance qu’il mérite“, précise le responsable pédagogique.
À l’issue des 3 ans du cursus de l’ESJ Chablais, des postes de chargés de communication seront réservés aux majors de promo. De quoi définitivement déconstruire la célèbre pensée de George Orwell : “Le journalisme, c’est imprimer ce que quelqu’un d’autre ne veut pas que l’on imprime. Tout le reste n’est que relations publiques”
Serge Groleowl
Soyez le premier à commenter