
Aux vœux du personnel de la Ville de Thonon, des dizaines de fonctionnaires se sont blessés vendredi soir en essayant de fuir les mauvaises blagues du maire et d'un imitateur. Récit.
« On a vécu la pire demi-heure. Comme si on s’était tous retrouvés dans la scène de torture d’Orange Mécanique avec le mec a qui on maintient les yeux ouverts devant des images. On était forcés de regarder jusqu’au bout mais c’était intenable. On souffrait tellement qu’on a voulu sortir » .
Ce témoignage, c’est celui de Ludovico, un jeune fonctionnaire dont la seule ambition de la soirée consistait à déguster 3 ou 4 parts de brioche au sucre aux frais de la municipalité. Pour lui, comme pour des dizaines d’employés de la mairie, tout a basculé ce vendredi soir lorsqu’il s’est soudainement vu infliger des blagues sur les gitans, sur les femmes, sur la police et sur le bien vivre à Thonon.
Soirée humour
Une traditionnelle cérémonie des vœux était en effet organisée ce vendredi 24 janvier à destination des différents agents de la Mairie de Thonon-les-Bains et cette soirée était placée sous le signe de l’humour avec un one-man-show de Christophe Arminjon en tête d’affiche. Pour ce passage tant attendu, ce dernier avait préparé ses meilleures vannes sur la délinquance, des traits d’esprit sur l’économie, des tirades sur l’environnement et de nombreuses punchlines sur la sécurité des citoyens. Et, pour chauffer le public, il était accompagné en première partie d’un artiste franco-suisse.
« Il était hyper rigolo à Noël, j’te jure »
L’humoriste en question était en fait un ami du beau-frère du cousin du directeur de cabinet du maire, recommandé pour l’occasion. Connu pour ses imitations, ces dernières lui valent un prix au Festival International des Imitateurs de Tournai en 2004. « C’était tellement la belle époque pour moi que j’ai préféré rester bloqué dans les années 2000 » , explique celui qui continue cependant de faire sensation au sein de sa famille lors des repas du réveillon.
Mais son intervention aux côtés du maire n’avait pas été laissée au hasard. « Habituellement, j’ai plutôt un humour de gauche, misogyne, je m’en prends aux riches, aux monchus et aux bonnes femmes, par exemple j’aime bien faire des blagues sur ma grosse greluche, vous voyez », détaille celui qui avoue admirer Laurent Gerra mais détester les artistes Cali, Raphaël et tous les wokes. « Mais là, l’équipe de la mairie m’a expliqué qu’on était dans une politique soutenue par le RN alors j’ai été obligé de m’initier à l’humour de droite en ajoutant des blagues sur des minorités ethniques mais je ne suis pas sûr de maîtriser » , reconnait celui qui a alors cherché la communauté dont il pouvait se moquer. « Je me suis dit qu’il n’y aurait pas de gitan dans la salle et que je ne risquais pas de me faire péter la gueule donc j’ai opté pour de l’antitziganisme puisqu’à 20h15, ils sont sûrement tous en train de voler des poules. »
Mouvement de panique
Malheureusement pour lui, il a néanmoins créé un mouvement de foule par sa médiocrité et les spectateurs ont commencé à se piétiner pour atteindre la sortie afin de fuir le malaise général. Les forces de l’ordre ont dû intervenir, heureusement rapidement déployées puisque 8 brigades étaient déjà présente sur place « juste au cas où ». Alors que certains ont qualifié d’extrême la prestation de l’humoriste, d’autres y ont plutôt vu une maladresse due à son autisme.
Blagues sur les femmes et les gitans ou annonce d’une transition écologique ambitieuse et de meilleurs services publics, on ne sait pas en revanche qui du maire ou de l’humoriste était le plus pince-sans-rire sur scène.
Vincent Trime, Serge Groleowl et Théo Dora
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