Le maire de Perrignier découvre la liberté de la presse

Manillier n’a pas aimé que Le Messager soit neutre et factuel sur sa conquête de l’Ouest alors qu’il voulait un article dithyrambique. 

C’est par une belle matinée de juillet qu’il avait convoqué notre confrère du Messager. Tout était réuni pour un bel article : la lumière du soleil éclairerait bien la mise en scène du maire marchant d’un pas assuré sur son petit chemin communal et la documentation fournie au journaliste par le service communication de la mairie était largement bien fournie, claire et volumineuse, bien que bloquée dans un design des années 80.

Sauf que, patatra, l’article sorti par l’hebdomadaire ne correspondait pas à l’admiration que le premier édile attendait.

« Mais c’est quoi cette cuistre d’objectivité ? »

Le maire de Perrignier n’en revient toujours pas. « J’avais raison de le penser faraud, ce faquin », s’exclame-t-il, qualifiant de « franc bélître » notre confrère venu l’interviewer.

Et de soupirer : « Pouffff, tout ça pour ça, je suis bien déçu de cet article que je trouve assez nul… je lui ai parlé de l’aménagement du territoire, un travail de longue haleine, pour qu’il en fasse un résumé bien simplifié ».

Du coup, au lendemain de la parution, il s’est fendu d’un message sur Facebook pour extérioriser son mécontentement : « qui fait quoi pour l’intérêt général ? les tenants, les aboutissants, tout cela a été expliqué mais …. Peut-être la conclusion ! Perrignier attractif dites vous ? » (sic, Si vous comprenez cette phrase, n’hésitez pas à nous la traduire parce que à la rédaction on s’est demandé s’il n’était pas en train de faire un AVC)

Dans sa conclusion, il invite donc à lire le bulletin municipal distribué en boîte aux lettres plutôt que la presse locale.

Sauf que c’était sans compter sur l’aplomb des responsables éditoriaux du Messager, qui se sont vus pousser des couilles et des ovaires depuis l’élection du nouveau maire à la poigne de fer soutenu par l’extrême droite dans la ville-centre et qui se veut par ailleurs DRH du Dauphiné. La cheffe d’édition lui a donc répondu en ligne :

Headshot

La situation nous a donné envie d’en savoir plus et nous avons donc contacté l’intéressé, qui avoue ne pas comprendre un tel déferlement de contradiction auquel il n’est pas habitué.

Forban ! Paltroquet !

En le caressant dans le sens du poil, pratique dont il a le plus l’habitude, nous avons pu obtenir ses confidences sur le sujet.

« Je pense que ce qui m’a le plus blessé dans cet article, c’est qu’ils aillent sortir du placard la Charmot pour lui demander son avis, mais qu’est-ce qu’elle vient foutre là l’écolo, elle est même plus élue », nous confie Cloclo dans un sanglot. Quand on lui explique que la confrontation des opinions est en général assez habituelle en journalisme, son regard se vide. « Mais depuis quand ? », nous demande-t-il, hagard, « J’avais jamais vu ça avant ».

Il n’avait en fait jamais entendu parler du concept de liberté de la presse, légiféré pourtant en 1881. Candide, il pensait que tout ce qui était publié devait servir les intérêts de celui qui parle.

« Non, mais je vais quand même leur apprendre les bonnes manières à ces foutriquets de journaleux et cette fichue gaupe qui m’interpelle sur les réseaux, mais quelle gourgandine », conclut l’élu, encore dubitatif.

Il semble qu’on l’y reprendra plus à parler à ces têtes de pipe… jusqu’à ce qu’il ait à nouveau besoin de ces ribauds de journalistes.

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