« Hors de question, vous m’entendez ? Et puis quoi encore ? Un carré juif ? »
Le nouveau maire de Thonon, Christophe Arminjon, continue d’imposer son style. « J’ai des valeurs à défendre, vous comprenez, je dois poursuivre le travail de fusion de la droite républicaine et de l’extrême droite amorcé par mon ami Laurent. »
Sus aux minorités
L’homme qui a été soutenu par l’extrême droite pour assurer la tranquillité des thononais (mais seulement les français pure souche) n’a pas tardé à déployer son plan sécuritaire digne d’une dystopie.
Mais celui-ci se complète désormais par des discriminations assumées. C’est en tout cas ce que dénonce le socialiste Jean-Baptiste Baud en brandissant le refus du maire d’afficher le changement de sexe d’une administrée en inscrivant son prénom d’usage sur sa tombe (affaire révélée par Mediapart et reprise par le Dauphiné). « L’édile invoque un trouble à l’ordre public et se cache derrière des prétendues raisons légales alors que la préfecture a tout validé. Mais par contre il refuse de dire pourquoi il ne répond pas à la préfecture », se contente de résumer le conseiller municipal d’opposition, connu pour sa tradition de solidarité avec l’argent des autres. De nombreux autres élus ont réagit, tentant au passage une récupération, à l’instar de Astrid Baud-Roche : « C’est pas très très gentil et je pense que la pratique est éloquente du gâchis qu’est en train de devenir notre belle mairie où j’ai eu tant de plaisir à siéger dans la majorité durant 3 mandats ».
Pour autant, le maire se défend et ne bronche pas, expliquant sa stratégie politique : « Nous avons un cap à tenir vers la droite dure et les minorités n’en font pas partie. Je tiens avant tout sauter sur l’occasion pour que mes électeurs d’extrême-droite sachent qu’ils ne se sont pas trompés. Si je cède là-dessus, ce sera quoi la suite ? Être enterré avec son animal de compagnie ? Inscrire son meilleur score à Mario Kart sur sa pierre tombale ? Non mais ho, moi vivant, jamais ».
Quand notre journaliste tente de lui dire que la détresse des parents de Manon* pour faire reconnaître sa transexualité n’a rien à voir avec ces exemples caricaturaux, il souffle : « Vous savez, moi les transsexuels j’ai très envie de les emmerder », copiant la stratégie de clivage du Président. Un de nos lecteurs nous indique avoir saisi le défenseur des droits tandis que l’association Stop Homophonie a annoncé avoir porté plainte pour pratique illégale.
J’ordonne, tu t’exécutes
Pour régler le problème, une délibération est prévue lors du prochain conseil municipal. « Je propose de rebaptiser à l’avenir tous les cas isolés de ce genre… heu, non, de cet acabit : Christophe pour les garçons et Christophine (rien a voir avec les cucurbitacées ndlr) pour les filles, comme ça plus d’ambiguïté, on arrête de chipoter et ils auront un prénom qui claque », s’exclame l’élu.
Demandant une entrevue avec le premier magistrat pour évoquer cette affaire, citoyens et élus ont reçu une fin de non recevoir.
L’actuel maire, qui a passé lui-même 18 ans dans l’opposition, avait pourtant promis des entretiens mensuels avec les conseillers municipaux de la minorité pour partager leurs visions politiques sur les dossiers en cours. Mais il a renoncé rapidement à sa promesse : « non mais en fait je suis beaucoup trop doué pour m’abaisser à les écouter et puis Dalibard est un sacré guignol depuis qu’il a été nommé aux Oscars donc je décide tout tout seul sans rendre de compte à personne parce que j’ai autre chose à faire que perdre mon temps avec ces gens ».
Autre chose, comme afficher sa transphobie, donc.
*le prénom a été modifié
D’après nos informations, si le maire refuse de prendre en considération l’accord du préfet pour afficher le prénom d’usage de la défunte, c’est à cause d’un précédent litige qu’il n’a pas digéré : lors de son accession à la mairie, pour affirmer sa ligne politique, Christophe Arminjon aurait souhaité créer, justement dans le cimetière de la ville, un immense caveau isolé réservé aux personnes ayant vécu dans le péché, pour celles et ceux qui n’auraient pas obéi aux lois du Tout-Puissant, ainsi qu’à destination des 20000 électeurs qui n’ont pas voté pour lui. Chose que les services de l’Etat ont évidemment interdite.
Merci, l’exercice n’était pas facile. Respect.