Coworking : Un bureau offert contre du travail gratuit

Si vous savez faire le ménage et que vous êtes prêt à devenir le larbin d’un coworking en souffrance, vous pourriez bien avoir droit à un coin de bureau gratos pour rencontrer votre âme sœur. Reportage.

Le collectif Co’Alpin, réseau d’espaces de coworking en Haute-Savoie, Savoie et Isère, tire la sonnette d’alarme. « Pour faire court, on est en train de crever », résume Monique Pariat, gérante du MeltingSpot à Thonon. « Dans le monde de demain, après ce virus de merde, la flexibilité des bureaux pourrait nous faire gagner un max d’oseille mais on sera peut-être plus là tellement on galère en ce moment », ajoute la cheffe d’entreprise aux cheveux de feu. « Ouais, faut bien avouer que c’est la hess, confirme Samuel Fontana du D5 à Allinges, mais Inch’Allah on va s’en sortir si on surfe bien sur les sujets à la mode ».

Et pour y parvenir, les gérants de coworking ont un plan : se servir de l’actualité à leur avantage.

La cible du moment : les étudiants

Leur premier levier sera les étudiants. « On en parle partout sans arrêt de ces gosses qui s’emmerdent, alors j’ai eu l’idée de ramener le sujet à nous en leur offrant l’hospitalité pour paraître sympa et soucieuse des autres », explique Monique Pariat, également patronne de Thonon Coté Centre. « Mais attention, pas gratuitement non plus hein, s’ils veulent venir faire les parasites chez moi, c’est du donnant-donnant. »

L’offre est donc la suivante : Faire le ménage au MeltingSpot + laver la voiture de la présidente de l’Union commerciale de Thonon = 1 bureau gratis durant 4 heures. « Mais cette promotion exceptionnelle peut s’étendre aux savoir-faire et compétences de chacun, je veux vraiment mettre en lumière cette exploitation humaine », poursuit la gérante. La formule n’est pas sans rappeler le fameux plan de relance de la capitale du Chablais qui offre un chèque contre une CB.

Un étudiant graphiste témoigne : « J’ai réalisé une petite affiche pour promouvoir une soirée à thème que Madame Pariat organise et j’ai eu le droit de m’assoir dans un de ses bureaux pendant 1 heure ! Heureusement, j’ai terminé l’affiche en 45 minutes du coup j’ai pu réviser mes cours sur place pendant un quart d’heure. »

Si l’étudiant souhaite rester plusieurs jours pour profiter du lieu, il devra remettre son passeport et s’acquitter du ménage, des lessives et des repas. « Mais il pourra dormir sur place s’il le souhaite, j’ai aménagé un espace très agréable près du local à poubelles », insiste la gérante du Melting Spot.

Au D5, on mise en plus sur la pédagogie. « Dès qu’un coworker voudra un café, ce sera un étudiant qui lui paiera, lui préparera et lui apportera », explique le gérant, insistant sur l’importance de préparer les jeunes à la vie active. « On est tous passé par là mais aujourd’hui l’école ne leur apprend plus rien, heureusement qu’on est là car ils ne sont pas prêts à réussir leurs futurs stages rémunérés en tapes dans le dos et promesses de visibilité. »

Rencontrer son âme-sœur

Mais tout cela a un but : permettre aux gens de se rencontrer pour actionner le second levier. « Les espaces de coworking c’est avant tout des lieux où on croise des inconnus qui peuvent devenir des amoureux après un café et quelques tricots », souligne Marie-Pierre de l’association Le Local, lieu de travail partagé à Bons et véritable fief de la Linogravure chablaisienne.

Et quelle meilleure période pour faire des rencontres que la fêtes des amoureux ?

« C’est sans doute la pire journée de l’année pour les célibataires alors on a eu l’idée de les aider à tremper le biscuit en trouvant leur partenaire dans les recoins d’un coworking », explique la gérance de Entrelac à Annemasse. Open-Work, à Fillinges à même poussé le concept encore plus loin en implantant à côté de son espace de coworking un restaurant et un hôtel : « Notre usager peut rencontrer, inviter à déjeuner et prendre une chambre pour tringler dans un seul et même endroit, c’est révolutionnaire ». Pour eux, la période de couvre-feu est du pain béni.

Pour rester dans le thème, des soirées rencontres libertines seront organisées dans les coworking du territoire à l’occasion de la Saint-Valentin et en toute clandestinité. « Mais toujours dans le respect des gestes barrière », tempèrent les membres de Co’Alpin. Ajouter le volet agence de rencontre au business du coworking semble donc prometteur.

« On se donne du mal mais à force de s’agiter dans tous les sens pour faire parler de nous, on va bien finir par intéresser les gens et enfin profiter de cette situation pour gagner de l’argent », conclut Samuel Fontana.

Après les étudiants et la Saint-Valentin, quelle sera la prochaine victime des espaces de coworking ? Seraient-ils les nouveaux loups ? À suivre…

RÉFÉRENCE : la sonnette d’alarme tirée par les professionnels du coworking dans les colonnes du Dauphiné

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