Financement du Tonkin par la Suisse : Oui au désenclavement crie à l’ingérence

Après avoir crié à l’ingérence internationale lorsque la Ville de Genève a intenté une action judiciaire contre le projet d’autoroute Machilly-Thonon, Oui au Désenclavement peste cette fois contre le Canton du Valais…

« Non mais de quoi se mêlent les Suisses ? C’est de l’ingérence internationale », hurle Jean-Christophe Bernaz, ancien trublion de l’association Oui au désenclavement, qui a aujourd’hui fondé son propre mouvement tout seul.

L’annonce qui lui fait voir rouge c’est l’engagement du Valais pour la réhabilitation de la liaison ferroviaire de 18km dite du Tonkin, maillon manquant. Pour encourager la réouverture, le Conseil d’Etat valaisan a demandé un crédit de 22,8 millions de francs suisses au Grand Conseil. « De l’argent suisse pour rénover une ligne de déplacement écologique en France non mais de qui se moque-t-on », poursuit l’ex-lobbyiste local.

De son côté, le sénateur Cyril Pellevat est plus tempéré : « Jean-Christophe on l’aime bien au village mais bon, si on peut leur faire cracher un lingot ou deux aux Welsches, on va pas se gêner », lâche le parlementaire, rappelant le peu d’avancées notables dans ce dossier de la part des autorités françaises.

Un train qui traîne

Relier de nouveau Evian à Saint-Gingolph en train c’est une des arlésiennes du Chablais, comme le relèvent nos confrères du Messager. Le projet traîne même dans les cartons depuis 2006, soit quelques années à peine après la fermeture de la ligne en 1999. Un retard de 17 ans cependant acceptable au regard de la SNCF.

« Mais on avait pas que ça à foutre, on devait d’abord trouver comment faire une autoroute, c’est beaucoup plus important pour la transition écologique qui nous tient particulièrement à cœur », explique le sénateur, qui a récemment trouvé comment contourner la loi pour régler l’histoire de l’A412 et qui du coup s’en est servi pour sa piscine. Même son de cloche du côté de la députée Violland qui rappelle qu’elle s’est faite élire pour son engagement en faveur de l’environnement. « Mais je défends férocement des projets de lois en commission économique donc s’il y a quelque chose qui rapporte plus que l’écologie et son réservoir de vote, faut pas hésiter à me dire », tempère-t-elle.

La Région Auvergne-Rhône-Alpes, qui finance les TER, s’est pour sa part dite particulièrement indifférente et la SCNF assure être prête à faire capoter le projet.

Train-train quotidien

Pour l’actuel président de l’association pro-autoroute Oui au désenclavement, c’est aussi une question de cohérence : « En 2020, quand la ville de Genève a attaqué le projet d’autoroute français au Conseil d’Etat sous prétexte que ce tronçon allait concurrencer le Léman Express qu’ils ont financé (la Suisse a payé 80% du chantier, NDLR), on a crié partout à l’ingérence, donc c’est normal qu’aujourd’hui on s’oppose aussi au fait que la Suisse s’immisce à nouveau dans nos transports en nous filant du blé pour développer une ligne de train qui n’est pas chez eux », détaille Jacques Faudot. « On n’est quand même pas con au point de gueuler quand ça n’arrange pas notre lobbying mais applaudir quand ça nous évite de payer des trucs de bobo », ajoute Christophe, un autre membre de l’association.

Alors que les écologistes sont quant à eux toujours aussi inaudibles, l’effort helvétique en faveur du Tonkin pourrait néanmoins se transformer en carotte géante puisque le Parlement voisin considère toujours l’autoroute comme une « hérésie » et un « non-sens écologique » et songe à couper les crédits si elle se fait…

Serge Groleowl

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