Thonon : urgences fermées pour chauffer une nacelle de faux riches

Faute de personnel, l’accès aux urgences des Hôpitaux du Léman a dû être restreint le temps d’un week-end. L’élite locale explique que c’est une mesure écologique. 

Dans la nuit du Samedi 15 au dimanche 16 octobre, le service des Urgences de Thonon était en fonctionnement restreint. Par son communiqué, la direction explique la procédure par un manque de personnel et promet de tout mettre en œuvre pour éviter d’y avoir recours trop souvent. 

Une décision environnementale

Mais d’après nos informations, s’il était demandé à la population de ne pas se présenter spontanément aux urgences, c’est surtout pour des raisons climatiques.

« En cette période de crise énergétique, il faut savoir faire des efforts », explique le maire de la commune de Thonon, également membre du conseil d’administration de l’hôpital. « Il y a quelques jours, les services hospitaliers ont montré une vraie résilience en se passant de connexion internet, il m’a semblé que cet effort pouvait être renouvelé avec succès car un service au ralenti ce sont des milliers de kilowatts économisés », poursuit l’édile. 

« Lorsque le maire m’a présenté l’idée, j’ai immédiatement pensé aux Urgences, modernisées par mon prédécesseur, car franchement c’est devenu un service de bobologie dont on se passerait bien, j’en ai marre de voir défiler les bagarres de fin de soirée, les ongles incarnés, les patates germées dans des vagins et les accidents de carottes dans le cul », détaille le directeur.

Mais pourquoi cette idée soudaine ? Après avoir mis ses plus fin limiers sur le coup, notre rédaction a finalement trouvé la réponse dans le calendrier : le même week-end se tenait le festival culinaire Toques en Chablais, ode démesurée à la gastronomie festoyante. 

Ça chauffe

À l’instant même de la fermeture des urgences, la cour du roi était en effet réunie pour s’envoyer en l’air. L’élite locale, des élus aux notables, en passant par les barons de Thonon, tous ont dépensé quelques centaines d’euros pour partager des repas sur une nacelle. « Sauf qu’on est en octobre et vous n’imaginez pas comme on se pèle les miches à 60 mètres de hauteur, au dessus du lac », détaille Philippe Lahotte, adjoint aux loisirs.

Mais hors de question de ne pas penser à la planète pour ce genre de festivité. « Nous sommes conscients des enjeux climatiques et avons produit une charte pour nos événement avec comme point d’orgue l’évaluation et la compensation de notre emprunte (sic) carbone chaque fois que nécessaire », insiste le service communication de l’Office de Tourisme sur Facebook. Une compensation qui devait passer par une sobriété ailleurs. 

C’est donc l’économie d’énergie permise par la fermeture des Urgences qui a pu faire tourner à plein régime le chauffage de la terrasse hissée dans le ciel. « Chauffer une terrasse, c’est interdit mais il suffit en fait de payer une taxe et c’est bon on s’en ballek », explique la direction de l’Office de Tourisme, qui se félicite de l’attractivité générée. “C’est émouvant de réussir à créer un événement qui plaît à l’ensemble de nos élites“, note la directrice. 

Sire, on en a gros

Décelant l’entourloupe et furieuse du silence entourant la baisse de service public, la gauche locale s’est offusquée en organisant une énième manifestation réunissant 25 banderoles CGT portées par trois retraités. Sans succès pour attirer l’attention.  

« Ils ont quoi ces gueux, je comprends pas pourquoi ils râlent, s’ils n’ont plus de pain, ils ont qu’à manger de la brioche », aurait réagit le premier magistrat, reprenant les mots de Marie-Antoinette, dernière reine de l’Ancien régime. “Et puis zut à la fin, il fallait bien éteindre quelques lumières de la ville pour qu’on puisse mieux profiter de la vue depuis notre plateforme dans le ciel“, déclare un assureur local fan de la série dystopique de Netflix Altered Carbon dans laquelle les supers riches sont eux aussi dans le ciel et prennent leur pied dans les nuages

Face à l’efficacité économique de cette fermeture écologique, elle a même été reconduite le week-end suivant.

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