« Nous n’avons réussi ni à leur faire boire de l’eau ni à manger des yaourts »

Avec l’annonce des licenciements, Danone évoque son désir de se séparer de sa filiale eau. Nous avons rencontré les dirigeants pour en savoir plus.

Il paraîtrait, selon certains confrères de la presse locale, que Danone souhaiterait se séparer de la filière eau. Comprenez par là que l’eau ne rapporte plus assez.

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Pour démêler le vrai du faux, une seule solution, mettre nos bottes en caoutchouc et nos imperméables et aller étudier directement à la source. Nous avons rencontré l’ancien pdg du groupe Danone et il ne mâchait pas ses mots, mais juste une Danette : « Cette casse sociale à Evian, c’est pas notre faute. Mais la leur. Depuis des décennies nous essayons de leur faire manger du yaourt et de leur faire boire de l’eau mais rien n’y fait. Ils préfèrent le reblochon et la gnôle. Alors ça ne sert à rien de persévérer. Autant partir chez les Bretons pour leur faire renoncer au Calva et au Camembert… »

Notre journaliste a fait remarquer que le Calva et le Camembert, c’était plutôt normand, mais Riboud ne nous écoutait plus, inconsolable.
« Pire, certains nous ont dit qu’ils préféraient l’eau du robinet, qu’au moins on savait d’où elle venait… vous vous rendez-compte ? Les gens ne veulent plus de l’eau en bouteille ! Mais qu’est ce qu’ils croient ? Que je pourrais vendre de l’eau sans bouteille ? Je suis pas Véolia moi ! Pendant l’épidémie de Covid, je vous rappelle qu’on a fabriqué des flacons de gel hydroalcoolique ! C’est depuis que ça péclote : les employés ont tous trop sniffé l’alcool du gel. Certains étaient tout bleu à cause du gel qui leur glaçait les sinus, d’ailleurs. »

Le grand chef d’entreprise a pourtant investi tous ses espoirs ici :
« Et puis, depuis que je ne veux plus être la poule aux œufs d’or de l’ETG et du château de Blonay, les gens ne m’aiment plus…J’ai fait des efforts, pourtant… Bon, d’accord, je me suis toujours perdu dans Evian, mais il faut dire qu’ils ont mis la lumière à tous les étages… entre le Palais Lumière, la maison des Frères Lumières, le Carré Lumière … la dernière fois je n’ai pas réussi à retrouver la source Cachat tellement j’étais ébloui. C’est pour cela qu’on a décidé de fermer le Carré Lumière, ça devient trop compliqué de le retrouver au milieu de toutes ces illuminations. On le vendra pour qu’il s’appelle le Carré Eteint. Il faut arrêter de chercher des raisons économiques, ce n’est pas cela du tout, c’est juste parce que nos actionnaires ne sont pas des lumières. »

Nous avons ensuite souhaité interroger l’ancien directeur des Eaux d’Evian, le dangereux gauchiste grenoblois Emmanuel Faber*, évincé par des actionnaires qui refusaient de lever leur verre pour paraître de meilleure humeur :

« C’est une équation toute simple, je voulais améliorer la qualité de vie des ouvriers pour qu’ils puissent renoncer au coup de rouge au moins une fois par semaine et enfin s’offrir une bouteille de notre très chère et précieuse eau tous les dimanches. Pour moi, la priorité, c’était le personnel. Mais les actionnaires ont choisi une autre stratégie : investir dans les hôtels de luxe, en prendre les directions pour n’y servir que de l’eau d’Evian. Fini le coca, le schweppes ou la belle bouteille de Bordeaux, le Côte Rotie et la Veuve Clicot, dans tous les 5 étoiles de France et de Navarre on ne servira que de l’eau d’Evian. Le bœuf bourguignon ? Cuisson à l’eau, source Cachat. La choucroute ? Cuite à l’eau, fontaine de Publier ! Le baba au rhum ? À l’eau du lac ! Et voilà… le complot des actionnaires d’Evian aurait pu réussir ! »

Emmanuel Faber

L’ex patron d’Evian reprend le sourire à l’évocation du rebondissement qui avait fait échouer les plans diaboliques des actionnaires : une pétition initiée par le Cheikh Amadou Liprane lui-même ! La pétition, signée et relayée par tous les hauts dignitaires du proche orient, demandait à ce que les nouveaux propriétaires du Royal et autres établissements luxueux continuent de servir des boissons alcoolisées. Les princes et autres cheikhs n’auraient eu en effet plus aucun intérêt à faire déplacer tout leur harem et leur gouvernement si c’était pour boire de l’eau qu’ils pouvaient boire chez eux… alors que le but des déplacements est de se pinter royalement sans que la police religieuse les envoie en tôle.

Bien sûr, la presse habituelle n’en a pas parlé, pour ne pas jeter l’opprobre sur les dirigeants démocratiquement élus des pays du Golfe. Seuls les journalistes de la Messagère n’ont pas peur de se fâcher ni avec les actionnaires d’Evian ni avec les rois du pétrole, parce que nous, on ne boit pas d’eau, et on se déplace en vélo alors on s’en fout si vous n’avez plus d’essence pour votre SUV parce qu’on a déclenché une hausse monumentale du prix du pétrole à cause de nos articles hyper documentés.

Bon bref, c’est pas le sujet, là.

Lors de la fin de notre entretien, Manu sort une bouteille de Marin de son sac à dos (pour la boire, bien sûr) en nous tendant sa carte de réfugié politique à Riyad, où, grâce à son expérience reconnue dans l’embouteillage, il monterait une brasserie. Voire peut-être une usine de pastis.
La Messagère suivra bien sûr son périple au jour le jour et tiendra les lecteurs informés, dans la joie et la bonne humeur.


*Tien, comme Eric Piolle. Le monde est petit.

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