Le maire écologiste de Grenoble en visite à Thonon pour prendre exemple

Suite au Conseil Municipal de ce lundi 18 octobre, le maire de Grenoble, l'écologiste Eric Piolle, s'est fendu d'une visite surprise au maire de Thonon, Christophe Arminjon.

Il ne tarit pas d’éloge. Au sortir de la petite réunion pendant laquelle il a été question de zones naturelles, de projet d’autoroute et de biodiversité, Eric Piolle, maire écologiste de Grenoble, est admiratif : « Lundi, j’ai pu suivre en direct le Conseil Municipal de Thonon sur Facebook, on m’avait parlé du maire de cette ville, mais là, je suis bluffé : il fallait que je le rencontre pour qu’il m’explique. J’ai dû venir en stop parce que tous les trains passent par Genève et que personne, dans mes services de Grenoble n’a compris comment fonctionne la billetterie du Léman Express. Mais ça ne fait rien, je suis arrivé. Les personnes qui m’ont pris en stop ne connaissaient pas Thonon, d’ailleurs, ni Arminjon, mais quand j’ai parlé de “sa majesté”, on m’a illico conduit ici, à l’hôtel de ville. À peine arrivé, Monsieur Arminjon m’a accueilli pour me faire visiter le premier site emblématique du renouveau écologique de la ville : le projet de parking de l’Ermitage. »

Eric Piolle a les yeux qui pétillent : « Arminjon m’a expliqué que c’était un projet de parking écologique. Quel génie ! À Grenoble, quand nous garons des voitures, nous détruisons l’environnement. Arminjon, lui, améliore la biodiversité grâce aux parkings et grâce à la présence des voitures, c’est magique. »

Leçon d’écologie chablaisienne

L’édile de la ville centre a en effet donné une précieuse leçon d’environnement à Piolle : tout comme il l’avait déjà expliqué lors du Conseil Municipal, le maire a déclaré que la zone naturelle n’en était pas vraiment une puisqu’elle est sur 8 mètres de terre remblayée.
Ce à quoi Piolle a répondu qu’à Grenoble, quand on remblayait avec de la terre végétale et qu’on laissait un peu de temps aux différentes bébêtes et herbes pour revenir, la biodiversité repartait. D’ailleurs, il a pu montrer une buse en pleine chasse sur ce terrain chablaisien.

« Oui mais Grenoble, c’est Grenoble, alors qu’à Thonon, ça se passe selon mes règles à moi », rétorque Arminjon. Donc s’il dit que la zone naturelle n’a rien de naturelle et qu’on peut goudronner, c’est que c’est comme ça. « Point Final. »

« J’ai été époustouflé par le “Point Final”, c’est costaud. C’est ça l’autorité : les choses dans la nature se passent comme il le veut et pas selon les lois de la nature », relève le maire de Grenoble.
Mieux, Arminjon lui aurait assuré que les frontaliers s’arrêteraient là, à l’extrême sud de la ville, pour prendre le bateau, à l’extrême nord.
Quand son collègue grenoblois a affiché son scepticisme en regard des distances entre les deux, Arminjon a été très convaincant : nous avons, parmi les personnalités politiques de Thonon quelques girouettes qui permettront rapidement de faire évoluer le nord vers le sud et réciproquement si besoin. D’ailleurs certains voient l’horizon partout.

Un parc à la place d’un parc

Le maire de Thonon a ensuite accompagné son invité surprise sur le Belvédère.

« Oh, quel beau parc ci-dessous », s’est écrié Piolle.
« Et bien figurez-vous que nous allons y faire un parc », a renchéri Arminjon, professoral.

Et c’est là que tout le génie d’Arminjon a pris sa dimension : faire un parc là où il y en a déjà un. Donc un peu pour rien quand même, mais, pour être sûr que les gens se rendent compte du changement, y faire œuvrer quelques bulldozer pendant un certain temps, au moins le temps d’oublier qu’il y avait déjà un parc avant le chantier, et surtout, y ajouter un panneau explicatif avec le coût des travaux.

Le raisonnement d’Arminjon est sans faille : « Si c’est cher, c’est que c’est pour l’environnement. Car j’aime l’écologie. Et quand on aime, on ne compte pas. Donc je ne compte pas pour l’écologie. Et ce projet est affreusement cher donc ce projet est écologique ».
Un de ses adjoints poursuit : « En plus, on a besoin de quelques arbres pour nos cheminées, et là, on peut en couper pour plusieurs hivers. C’est très écolo aussi, c’est du chauffage local. »

D’ailleurs, le maire de Thonon poursuit sur sa lancée :
« Je vais aussi banquer pour réintroduire le pygargue à queue blanche. C’est le cousin du pygargue à tête blanche américain. D’autres visent le sénat, moi, l’Amérique. La présidence, hein, pas moins. Le pygargue à queue blanche est un bon ticket d’entrée puisque le pygargue à tête blanche est le symbole des Etats-Unis. Quoi ? Pardon ? Les autorisations de l’Etat pour la réintroduction du pygargue ? Pas besoin ! L’Etat, et même les Etats, c’est bientôt Moi ! »

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Le tête à queue du pygargue a définitivement impressionné Piolle, qui s’est dit que quelqu’un qui pouvait nous faire prendre une queue pour une tête finirait aussi par nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Il ne manquait plus qu’un projet d’autoroute écologique où les voitures émettent des petites fleurs pour définitivement repeindre la ville en vert. Ah, bon, il y a déjà un projet d’autoroute ?

Nul doute que la visite d’Eric Piolle va largement l’inspirer pour son propre mandat. Il aurait déclaré souhaiter prendre régulièrement des conseils auprès du cabinet du maire de Thonon, preuve une fois de plus, s’il en est, de la supériorité intellectuelle du Chablais.

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