
Thonon-les-Bains vise le prestigieux label “Ville-Tranchées” : quand le XXIe siècle fait un bond de 100 ans en arrière !
Qui n’a jamais rêvé de replonger dans l’ambiance chic et glamour de la Première Guerre mondiale ? C’est en tout cas le pari audacieux de Thonon-les-Bains, qui, après avoir raflé tous les labels possibles et imaginables se lance dans une nouvelle quête : celle du label tant convoité de “Ville-Tranchées”.
Des trottoirs criblés d’obus, mais avec vue sur le lac !
Connue pour ses thermes, son eau pure et son cadre idyllique, la ville de Thonon-les-Bains a récemment décidé de diversifier ses activités, après l’obtention de très nombreux labels, de “Ville fleurie” à “Station de tourisme”, en passant par le prestigieux “Baignade surveillée”. Si le thermalisme et les balades en pédalo commençaient à manquer d’un brin de folie, l’équipe municipale a décidé de surfer sur le succès de son week-end impérial du mois d’aout créé à partir du label Ville Impérial avec une idée pour le moins originale : organiser des reconstitutions grandeur nature des tranchées de la Grande Guerre… mais avec une petite touche thononaise.
« Le problème des grandes villes, c’est qu’elles creusent, elles creusent… mais elles ne capitalisent pas là-dessus ! » nous expliquent Cassandra Wainhouse et Jean-Pierre Favrat, adjoints respectivement en charge des grands évènements et des travaux. C’est la tranchée de 12 kilomètres du chantier colossal de la future chaufferie au bois qui leur a donné l’idée. « À Thonon, on a décidé de faire de nos nombreux chantiers un atout. Plutôt que de s’excuser des désagréments causés par les travaux, on les rend historiques. »
Une immersion complète, avec masques à gaz et bruitages authentiques
Forte de son expérience napoléonienne pour valoriser son image, Thonon-les-Bains a donc été transformée depuis plusieurs mois en un immense champ de batailles urbaines. Partout, des trous béants, des murets effondrés, des ouvriers masqués et de la boue à ne plus savoir quoi en faire. Mais loin de se plaindre des perturbations, les habitants sont invités à participer à cette expérience immersive unique. Des détonations rythment désormais les journées thononaises, rendant obsolète tout réveil-matin.
« La première fois que j’ai entendu un fracas au petit matin, je pensais qu’on changeait juste un panneau de stop. Puis j’ai vu les uniformes de poilus dans les rues et là, j’ai compris », raconte Julie Dantépensé, une habitante du centre-ville. « C’est vrai qu’il faut s’y habituer, mais on ne s’ennuie plus. Avant, Thonon, c’était un peu calme, voire trop calme. Maintenant, c’est ambiance Verdun tous les jours. »
Avec un édile soutenu par l’extrême-droite, l’immersion est évidemment d’autant plus soignée.
Des événements thématiques pour les nostalgiques de la guerre
Le label “Ville-Tranchées” promet de faire des émules, surtout avec les nombreux événements prévus. Chaque week-end, la municipalité organise des visites guidées des nouveaux réseaux souterrains, sous la houlette de soldats en uniformes historiques. Les visiteurs pourront déguster des rations de guerre revisitées par Raphaël Vionnet, le chef étoilé qui a subitement du temps libre depuis la fermeture de son établissement.
Et ce n’est pas tout : des ateliers de couture de chaussettes pour les poilus, des concours de lancer de pelle et des reconstitutions de charges héroïques sur l’avenue Jules Ferry sont d’ores et déjà programmés pour l’été prochain. Une course de sacs de sable sur les rives du Léman est également dans les tuyaux, au grand plaisir des familles.
« Un atout pour notre jeunesse » se félicite le maire
Si certains sceptiques estiment que ces travaux transforment la ville en un chantier perpétuel, le maire, fier de son projet, salue cette initiative qui renforce les liens intergénérationnels. « Les jeunes ne savent plus ce que c’est que de creuser à la main ! Il faut leur montrer. On leur donne l’occasion de découvrir l’histoire en s’y plongeant jusqu’au cou, au propre comme au figuré », clame-t-il avec enthousiasme.
Et les habitants semblent conquis : « Avec tous ces chantiers, on ne perd plus le fil de l’histoire », déclare Roger, ancien du BTP. « Et puis, la boue, ça conserve ! »
Un label qui s’annonce… explosif !
La demande de Thonon-les-Bains pour obtenir le label “Ville-Tranchées” est actuellement à l’étude. Si elle est validée, ce serait une première en France mais les efforts déployés pour mettre à profit les tranchées des travaux en éléments commémoratifs ne font aucun doute de la solidité du dossier. Un responsable du ministère de la Culture a d’ailleurs laissé entendre que « ce genre d’initiative participait à la mémoire collective et renforçait les liens entre histoire et vie locale, mais aussi entre habitants et pelleteuses ». En cas de labellisation, les tranchées des pelles mécaniques deviendraient de véritables lieux de reconstitution à ciel ouvert.
En attendant la réponse officielle, Thonon continue de creuser son sillon, littéralement. Alors, si vous aussi, vous rêvez de vous prendre pour un poilu sans quitter la douce fraîcheur du Léman, la prochaine sortie de tranchée est prévue pour la rentrée, casque sur la tête et bottes aux pieds !
Victor Segma et Dominique Labordji
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