Les Black Panthers n’arrivent toujours pas à expliquer leur sport

Benoit Sirouet président des Black Panthers
credit photo Le Messager

Benoit Sirouet, président des Black Panthers, le célèbre club de Football Américain de Thonon, est actuellement omniprésent dans les médias pour lancer son cri du cœur. Nous sommes allés à sa rencontre pour mieux comprendre.

 

C’est un homme passionné mais aussi lassé qui nous reçoit près du terrain du Stade Joseph Moynat. « Vous imaginez ? Ça fait plus de 20 ans que nous essayons d’expliquer notre sport et de faire comprendre que ça n’est ni du rugby ni du foot », s’écrie-t-il, en mettant en avant le bel élan qui a été cassé avec le premier confinement et qui continue avec cette “pu**** de deuxième vague“.

Pour comprendre le SOS lancé par le charismatique président, il faut savoir que malgré le fait d’évoluer au plus haut niveau de sa discipline, ils ne sont pas considérés comme des professionnels. “On a vraiment le cul entre deux chaises et en plus il faut à chaque fois rappeler les règles de notre sport, du coup ça n’avance pas bien vite du coté des pouvoirs publics, qui continuent de ne jurer que par l’ ETG, même s’ils ne sont plus la.”

La belle histoire remonte à la fin des années 80 et la volonté d’une bande de copains.
À la base, ils avaient simplement envie de bringuer sans se faire emmerder: «Il suffisait de dire  “on va se faire une partie de Foot américain avec les copains” pour que nos femmes nous laissent partir et on en profitaient pour se mettre une timbale dans les bars du Chablais. Problème : il y progressivement eu de moins en moins de bars et au fur et à mesure ils fermaient de plus en plus tôt et il a fallu s’occuper. Du coup nous avons décidé de réellement monter un club pour pouvoir se prendre des murges directement à la buvette du club». Voilà comment est partie cette belle histoire, à l’origine des réussites de ces dernières années.

Un succès fou, mais dans l’incompréhension

Avec des coupes d’Europe, des titres de champion de France et de nombreuses finales, le club se pose clairement comme le sport collectif le plus performant du département. Mais hormis une poignée de Thononais et quelques érudits qui se la pètent, personne ne semble comprendre réellement ce sport.
« On essaye mais à chaque fois que les footeux viennent au stade c’est pour voir des penalties ou des joueurs qui simulent donc forcément il y a un fossé à combler. Pire encore, les fans de Rugby qui attendent des mêlées ou des traumatismes crâniens sont déçus aussi ».

Toujours plein d’optimisme, le président reconnaît cependant qu’il y a du mieux depuis l’ajout d’un speaker sur le bord du terrain pour expliquer ce qu’il se passe en temps réel. “Nous n’avons plus entendu crier ‘Y’A HORS JEU LA!!!’ depuis un moment ajoute Benoit. Le dernier en date avait été utilisé comme Pop-Up Dummy (sac de placage, ndlr) lors des entrainements pendant quelques semaines, du coup ça a calmé les autres.”

Des règles pourtant simples

Pourtant ce n’est pas si compliqué : il y a deux équipes de 11 joueurs, comme au foot classique. Il faut alterner entre ceux qui attaquent et ceux qui défendent. En 4 tentatives il faut parcourir 10 yards (ou verges si vous êtes canadien). Le système métrique n’est pas très fun donc on garde ce qui est drôle.
L’objectif est d’entrer dans la zone d’en-but (et non pas de but)… Rien à voir avec le foot grâce à ça.
Au fond du terrain il y a les poteaux mais attention, les barres forment un Y et non pas un H comme chez les bourrins du rugby. Et ça, ça change tout.
Si au bout des 4 tentatives les 10 yards ne sont pas parcourus, on alterne les attaquants et les défenseurs. C’est le fameux turnover.

On ne peut plaquer que le porteur du ballon. Si le plaquage a lieu dans la zone d’en-but, ça rapporte deux points à l’équipe défensive, ça le safety.  
Le touchdown c’est 6 points. Ensuite on peut tenter le PAT (c’est pas le même que les échecs), avec soit 1 point soit 2, selon la transformation qu’on veut.

Pour assumer tout ça il faut une cinquantaine de joueurs, un head coach, un coach pour l’attaque, un autre pour la défense et un assistant.

Les arbitres ?  7, avec chacun une spécificité, ainsi que des flag, bean bag et des indicateurs de down…

à défaut de tout comprendre, nous avons pu tester l’efficacité du Samu qui a du emmener nos journalistes aux urgences suite à une série de spasmes et de saignements de nez qui a mis un terme aux explications de Benoit Sirouet. Mais ce dernier a presque réussi à nous faire comprendre les rudiments de ce sport, jusque là si obscur. 

En tout cas, pour nous, le rdv est pris en mars 2021 pour le premier match à domicile face à des Grizzlys… Nous n’avons pas osé relever le fait de voir des hommes affronter des ursidés mais nous serons au stade pour voir ça de nos yeux. 

En espérant qu’avec ce petit mémorandum des règles du football américain, les pouvoirs publics puissent enfin envoyer un message clair de soutien à ces sportifs jusque là incompris. 

 

Vous pouvez également consulter l’article de nos confrères : https://www.lemessager.fr/18621/article/2020-12-14/vide0-l-equipe-de-foot-americain-de-thonon-lance-un-sos-pour-sauver-le-sport

 

 

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