Musique : une cellule psychologique mise en place pour les exposants des Féériques

Alors que le Marché de Noël de Thonon touche à sa fin, les exposants ont demandé un soutien psychologique. Reportage.

C’est un cri du cœur (et des oreilles) qui s’élève au-dessus des chalets des Féériques®©™, le Marché de Noël made in Thonon : les commerçants et exposants n’en peuvent plus. Depuis l’inauguration fin novembre de THONON LES Féeriques UN ECRIN DE NOËL AU COEUR DU LEMAN®, une playlist de six chansons tourne en boucle dans le marché et une autre de cinq titres dans la patinoire, se superposant de manière ignoble (parfois en plus des déambulations de batucada dans les différentes allées et installations des Féériques®) et réduisant peu à peu leur santé mentale en miettes festives. Face à cette crise sonore, la Protection Civile a décidé d’ouvrir une cellule psychologique d’urgence, opérationnelle dès ce matin pour les professionnels des Féériques®.

Une torture auditive bien emballée

Ça commence toujours bien”, confie Brigitte, 74 ans, vendeuse de fourrures dans les Féériques®. “Les premiers jours, on chantonne avec les clients, on se prend même à danser sur All I Want for Christmas Is You. Mais après le 37e passage, on n’a plus envie que d’une chose : que Mariah Carey aille demander autre chose à Noël. N’importe quoi. Une retraite anticipée, par exemple.”

“J’ai rêvé de Jingle Bells… et c’était un cauchemar.”

Rodolphe, lui, est au bord de l’épuisement. Ce producteur de miel artisanal qui a une des cabanes à l’entrée des Féériques® ne dort plus. “Cette nuit, j’ai fait un cauchemar : Jingle Bells jouait en boucle, mais c’étaient des abeilles qui chantaient. Depuis, je tremble dès que j’entends un grelot.

Des témoignages poignants comme celui-ci, la cellule psychologique en reçoit des dizaines chaque jour. “Il y a de vrais traumatismes”, explique Astrid Baud-Roche, bénévole de la Croix Rouge dépêchée sur place en urgence comme fine psychologue. “Certains exposants sont même convaincus qu’ils entendent Petit Papa Noël alors qu’il ne passe pas. On parle de syndrome de la chanson fantôme.

Une première étape vers un dangereux Syndrome de Stress Post-Traumatique. 

« Tout ça c’est la faute à la gestion dangereuse et dictatoriale du maire qui se croit…« , s’est mise à compléter Madame Baud-Roche, tentant une récupération politique dont nous n’avons pas écouté la fin.

Une playlist figée, un budget serré

Interrogée sur cette playlist minimaliste des Féériques®, la mairie assume : “Nous avons fait le choix de la simplicité pour des raisons budgétaires, il ne manquerait plus qu’on doive payer ces saltimbanques qui font des chansons atroces”, explique l’édile. Louer des droits pour six chansons est évidemment moins coûteux que pour vingt. « Et franchement, qui aurait cru qu’écouter Feliz Navidad cinq fois par heure pourrait poser problème ?”, ajoute le service communication. Après avoir posé notre question une quinzième fois, une autre version sort enfin : “En fait ça coûte une blinde de déposer une marque et je sais pas si vous avez remarqué mais notre marché c’est une marque figurative à part entière et tout a été brandé en conséquence, déposée en couleur et protégé à l’INPI dans 11 catégories pour nous donner l’impression d’être originaux et inimitables”. Et afin de pouvoir porter plainte si quelqu’un avait l’idée d’écrire Féériques sur une veste (NDLR, pardon : Les Féériques®)…

Des solutions à l’étude

Face à la grogne grandissante, plusieurs solutions sont envisagées pour l’avenir des Féériques®. Parmi elles :

  • Un roulement musical hebdomadaire avec des playlists de karaoké.
  • L’introduction de chants traditionnels savoyards.
  • La diffusion exclusive d’un album de chansons parodiques écrites par un torche-cul satirique local et mise en musique par une IA médiocre
  • Le recours au silence. Une option jugée “trop radicale” par les organisateurs.

Pour l’heure et face à l’urgence de la situation, les gérants de la patinoire des Féériques® ont assuré avoir recours à une nouvelle playlist Spotify. Malheureusement, l’entrée s’élevant à seulement 7€ par adulte, les recettes ne permettent pas de payer l’abonnement Spotify Premium à 11,12€ par mois, ce qui oblige les visiteurs à supporter les publicités. 

En attendant, les commerçants font front avec courage. “On se soutient entre nous”, assure Gérard, fabricant de décorations en bois. “Parfois, on hurle les paroles en chœur pour se défouler. On espère que ça effraie les pigeons. Mais ce qu’on voudrait surtout, c’est une trêve, que tout ça se termine.

Un message d’espoir

La cellule psychologique restera ouverte jusqu’à la fermeture du marché des Féériques®, début janvier et le soutien se poursuivra durant le mois qui suivra.

On tiendra bon”, promet Lolo, entre deux couplets de Mon beau sapin, mixé avec J’aime les filles. “Mais si l’année prochaine c’est la même playlist, je demande une mutation au marché de Pâques.

Comme le dit si bien la chanson : It’s beginning to drive us all insane…

Serge Groleowl avec Victor Segma

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