L’unité psychiatrique du Morillon ferme ses portes. Thonon n’aura donc plus de garde-fous dans sa manche en bois. Conte de la folie extraordinaire
Asile forcé pour le site psychiatrique de Thonon? Bukowski, sors de ta tombe d’outre-Atlantique et dis-leur qu’ils sont devenus fous !
Alors, asile forcé ? Oui, si l’on en croit le sort dévolu aux 19 lits du pôle psychiatrique de Thonon et par conséquence, aux professionnels de santé, obligés eux aussi de suivre le mouvement. « On fera la fête à la Roche-sur-Foron et on pendra la crémaillère. Oui, les patients et les familles sont invités, on espère qu’il n’y aura pas trop de suicides de part et d’autre ce soir-là », verbalise une infirmière.
« Nous ne sommes pas piqués du cerveau »
Mais pourquoi un tel transfert de cet ordre ? Tout simple et ce n’est pas nouveau. D’une part, le recrutement de personnels qualifiés –du médecin à l’aide-soignante– devient de plus en plus difficile au regard de l’aspect financier incompatible par rapport au coût de la vie dans le Chablais ; d’autre part parce que la pandémie « covidorienne » a tissé son rayon d’action au sein même de la profession. « Oui, mais on n’est pas piqués du cerveau. Vaccinés ou non, on est tous logés à la même aiguille », martelle cette infirmière. Et de rajouter: « C’est encore un mauvais coup de l’Agence régionale de santé (ARS), qui ressort de son tiroir le même marteau-piqueur. »
4 000 nouveaux habitants par an dans le Chablais
L’ARS souffrirait-elle de Toc (Troubles obsessionnels compulsifs) ? Un médecin spécialiste en la matière le confirme. « Ouvrir toujours le même tiroir pour extirper toujours le même dossier, c’est compulsif. Mais, cela se soigne avec une bonne dose de Valium que l’on ne prescrit d’ailleurs plus… Faut quand même bien tout ça pour des administratifs qui ne connaissent rien du terrain. »
Mais, il y a un hic dans cette chaîne de l’accueil des malades. Le maillon faible, c’est la démographie. « Chaque année, le Chablais réceptionne 4 000 nouveaux habitants », relève un élu de Thonon Agglomération. Persifleur, l’homme dégaine: « On va supprimer, soi-disant temporairement 19 lits, alors qu’on ne connaît même pas l’état mental de ces nouveaux arrivants. À moins que les fous de souche soient plus nombreux que les fous déracinés… ».
Du coup, l’heure est à la mobilisation générale. Elus, professionnels de santé, syndicats, familles et citoyens lambda sont invités à manifester leur colère. Le samedi 12 février, 300 personnes étaient dans la rue.
« Si on veut nous chiper nos lits, on les planquera dans les différentes intercommunalités du Chablais. On a les locaux pour ! » indique cet élu qui n’en démord pas : « Et puis, à chaque fou, on offrira un mille-feuille administratif, mais thérapeutique. C’est ça, le…dessert médical dans le Chablais ! » Mais, attention ! Pour l’inscription, il faudra faire vite. Il n’y a que…19 lits !
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