
Alors que le nouvel organisateur, repêché lors de l'appel d'offres, vient de claquer la porte en annonçant ne plus vouloir organiser les prochaines éditions, l'avenir du Montjoux Festival semble incertain. Outre un procès, la mairie a trouvé une solution.
Thonon-les-Bains – Après le désengagement du prestataire privé chargé de l’organisation du Montjoux Festival, l’événement cherche son nouveau chef d’orchestre et la mairie a annoncé qu’une solution « moderne et économique » avait été trouvée : l’édition 2026 se déroulera exclusivement en visioconférence.
Selon la municipalité, le dispositif permettra « de réduire les coûts logistiques, de supprimer les nuisances sonores et de fluidifier la circulation », le tout en diffusant les concerts via un simple lien Zoom. Chaque spectateur pourra donc assister au festival depuis son canapé, à condition d’avoir une bonne connexion et de tolérer les coupures sonores toutes les 40 minutes. Le tarif du billet resterait cependant toujours aussi élevé.
« Les artistes joueront depuis leur salon, ou éventuellement depuis un parking de zone industrielle, mais l’ambiance sera la même », promet la municipalité dans un communiqué enthousiaste. Des packs premium seront également proposés : pour 15 euros de plus, l’internaute recevra un sachet de gravier pour simuler le terrain fait de paille et de cailloux du parc de Ripaille, et pour 30 euros, un voisin viendra taper et hurler contre le mur afin de recréer l’expérience sonore du live.
Le parvis du tribunal comme nouvelle scène
La mairie a également annoncé réfléchir à une localisation « plus durable » pour les prochaines éditions. « Vu que tout finit devant le tribunal, autant y organiser directement les concerts », a expliqué le maire Christophe Arminjon (ancien prof reconvertit en avocat), qui envisage d’installer la scène sur le parvis du palais de justice de Thonon. Le public pourrait ainsi profiter des concerts tout en assistant aux multiples audiences liées à la gestion du festival et du bras de fer financier entre la mairie et tous les acteurs culturels du Chablais.
La famille Portigliati, qui avait réussi à attirer Les Forbans, DJ Matafan et Jean-Luc Lahaye pour la Foire de Crête s’était portée volontaire pour organiser la « Foire de Montjoux », mais la proposition n’a finalement pas été retenue par la mairie.
Des discussions seraient également en cours avec la CAF, la CPAM et les impôts pour mutualiser les files d’attente et créer un nouveau concept baptisé Bureaucracy Rock. « Rien n’empêche que nous puissions nous appuyer sur le succès des Féériques pour dupliquer le concept en été avec simplement un peu plus de musique », ajoute l’édile, qui se dit confiant.
Vers une programmation low-cost
Pour compenser le déficit, les têtes d’affiche internationales devraient être remplacées par des versions locales. « On aura Coldplaît (un groupe de collégiens de Margencel), Les Red Hot Choux de Thonon et un DJ bénévole de la MJC qui passera de la musique entre deux annonces de sécurité incendie », a confirmé l’adjointe à la culture, qui n’exclut pas de lancer un ZEvent sur skype pour lever des fonds et ainsi vendre les places à seulement 150€.
Malgré ces coupes budgétaires, la mairie se veut rassurante : « L’esprit du festival sera préservé. Il y aura toujours de la bière tiède, des toilettes insuffisantes et des files d’attente interminables. Simplement, cette fois, ce sera devant son propre frigo et ses WC. »
Dominique Labordji, Serge Groleowl, Vincent Trime et Théo Dora
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