
Dans le cortège du mouvement “Bloquons tout” de mercredi, un homme aurait « juste murmuré “il devrait songer à prendre du recul” » selon des témoins
L’ambiance était électrique lors des manifestations du 10 septembre à Thonon avec environ 350 participants, mais un incident a retenu particulièrement l’attention. Un homme d’une quarantaine d’années a été brièvement interpellé… non pas pour violences, mais parce qu’il refusait obstinément de reprendre en chœur le slogan « Macron démission ! ».
Selon plusieurs témoins, l’individu, muni d’une pancarte artisanale « Pas content, mais pas méchant », aurait préféré crier « J’aimerais qu’on discute » ou encore « Peut-être une pause ? », provoquant l’ire de ses camarades.
Pas assez de mécontentement
À la fin du rassemblement, les organisateurs se plaignaient du manque de mécontentement et l’absence de slogans scandés, invitant au micro le cortège à reprendre en cœur. Ce que l’homme incriminé a refusé de faire.
« On l’a sommé de répéter au moins trois fois, mais il n’y arrivait pas, il disait que ça manquait de nuance », raconte Alex Ception, un manifestant manifestement choqué.
La situation a dégénéré lorsque le suspect aurait proposé un slogan alternatif : « Macron… réorientation professionnelle ? » – une suggestion qui a immédiatement semé la zizanie dans le cortège. Les syndicalistes ont fini par demander aux 782 policiers qui encadraient la manifestation de l’embarquer, « par principe ».
Les autorités clarifient
Contactée par La Messagère, l’intersyndicale a tenu à préciser :
« Personne n’est obligé de crier mais le refus de participation active à la dynamique collective peut être considéré comme une atteinte à l’ambiance générale. »
L’adjoint à la tranquillité publique Gérard Bastian a de son côté profité de l’occasion pour annoncer la création d’une « brigade du slogan » afin de « vérifier la cohérence rythmique et lexicale des chants militants ainsi que les cibles des cris afin de censurer au besoin ».
Autre point qui sera particulièrement surveillé lors du prochain rassemblement : la playlist musicale. « Il ne sera plus possible de diffuser en boucle les quatre mêmes chansons », explique l’élu, pointant du doigt le titre « Motivés » de Zebda, qui revient inlassablement dans les défilés. « D’ailleurs, je suis en lien avec la Préfecture pour interdir tout le répertoire de Zebda et les manifestants devront déclarer, en même temps que le parcours, les musiques qui seront diffusées, afin que la SACEM ponctionne un forfait, comme lors des enterrements. »
Vers un lexique officiel ?
Quant aux slogans, certains syndicats envisagent déjà de déposer un manifeste comportant une liste de cris réglementaires pour les prochaines mobilisations, afin d’éviter que la situation ne se reproduise. Parmi les propositions :
« Macron démission ! » (classique) « Ça suffit ! » (polyvalent) « Macron en reconversion, pourquoi pas la poterie ? » (pour les esprits plus créatifs)
Le manifestant interpellé a finalement été relâché après avoir promis de travailler sa diction et de « se mettre un peu plus dans l’ambiance la prochaine fois ».
Victor Segma et Serge Groleowl
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